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Société

Sore : une boîte aux lettres pour les enfants victimes de maltraitance

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Crédit : Association Les Papillons

Des boîtes aux lettres pour les enfants victimes de maltraitance vont être installées dans les écoles. L’une d’elles verra le jour en septembre à Sore. 

Les enfants ont parfois beaucoup de mal à parler pour expliquer un mal-être et encore plus lorsqu’ils sont victimes de maltraitance. Faire parler les enfants, c’est le combat de Lydia Cannesson, habitante de la commune de Sore où sera installé une première boite aux lettres pour les enfants victimes de maltraitance. « Un gamin, on peut l’empêcher de parler, on ne peut pas l’empêcher d’écrire ! » dit-elle alors que ses enfants, aujourd’hui adultes, ont été victimes de violences sexuelles. 

Ne pas garder le silence

Lydia Cannesson, aide soignante qui réside à Sore, s’est lancée dans ce combat car ses jumeaux, qui ont aujourd’hui 20 ans, ont été victimes de maltraitance, elle explique « Moi j’ai eu la chance que mes enfants me parlent. Le premier très vite, le deuxième beaucoup plus tard à 16 ans, mais combien d’enfants ne parlent pas ou ne sont pas entendus !« . Généralement, un enfant est sous l’emprise de son agresseur et il est très difficile d’en parler aux autres, Lydia indique que « souvent ce sont des proches, des amis, de la famille. Et ils leur disent : tu te tais car de toute façon on ne te croira pas ! Moi c’était le fils de la nourrice de mes enfants. » Grâce a elle et l’association « Les Papillons », des boîtes aux lettres voient le jour dans des écoles pour permettre aux enfants de mettre sur papier ce qu’ils n’arrivent pas à dire à haute voix. 

Du papier et un crayon pour remplacer la voix

L’auteur de ce projet est Laurent Boyet, le président de l’association « Les Papillons ». Il est également capitaine de police, mais a été victime de violences sexuelles par son frère lorsqu’il avait entre 6 et 9 ans. Il n’a osé en parler que 30 ans plus tard et il s’exprime « le seul endroit où j’étais en attente d’une main tendue, c’était l’école, mais je ne l’ai pas eu« . L’idée de cette boite aux lettres lui est venue après un échange avec une autre victime. Il raconte que « l’école, c’est l’endroit où l’on est quasiment certain d’avoir tous les enfants et la boîte aux lettres c’est l’endroit où l’on peut dire le mal que l’on nous fait, sans avoir peur d’être entendu, sans avoir peur de s’entendre soi même« . 

Une trentaine d’installations

Aujourd’hui, il n’existe que 3 boites aux lettres en France. Le dispositif a été freiné à cause du Covid-19 mais la prochaine boite devrait voir le jour en septembre à Sore et selon l’association, une trentaine de boites devrait suivre le pas en septembre. Le dispositif au sein des écoles est fait de sorte qu’elles soient à l’abri des regards lorsque l’on y dépose une lettre, mais tout le monde connait son emplacement. Le courrier est relevé chaque jour par l’association et en cas d’urgence, celles-ci sont transmises au 119 (numéro d’Allô Enfance en danger), aux services sociaux ou à l’Inspection d’académie (en cas de harcèlement). 

Des chiffres qui inquiètent

D’après le site de l’association, chaque année, 165 000 enfants subissent des violences sexuelles.  » C’est un enfant toutes les 3 minutes. Deux enfants par classe ! « , insiste Laurent Boyet. Tous les ans, plus de 700 000 enfants sont victimes de harcèlement scolaire et un enfant meurt tous les 4 jours sous les coups de ses parents. Malheureusement, la crise sanitaire et le confinement imposé pour lutter contre le Covid19 n’ont fait qu’aggraver ces situations. Les sévices ont explosé, 35% de signalements en plus pendant le confinement, et 46% d’interventions policières en hausse également.