Des champignons toxiques attaquent l’Hermione : la suite des opérations

C’est une mauvaise surprise pour l’Hermione, la frégate de La Fayette. Deux espèces de champignons ont été découvertes quelques jours avant sa remise à l’eau. Explication avec Jean-Philippe Houot, maître d’œuvre de l’immense voilier. 

L’Hermione, le contexte

L’Hermione a été construite au sein de l’arsenal de Rochefort. Entre 1666 et 1927, le bâtiment a vu naître 550 vaisseaux, frégates, corvettes et autres embarcations. Pendant 250 ans, la vie de l’arsenal est rythmée par la construction de navires de guerre pour la marine française. Au cœur de cet espace, l’Hermione voit le jour. Sa construction correspond à l’apogée de la marine à voiles, une époque glorieuse où la flotte française remporte des victoires décisives, notamment lors de l’indépendance américaine.

L’Hermione, sa reconstruction 

C’est au début des années 1990 que naît l’idée de reconstruire l’Hermione. Cette idée apparaît suite à la réhabilitation de l’arsenal rochefortais. C’est un des navires les plus emblématiques de l’arsenal. Le projet, il paraît fou au départ. Mais l’association Hermione – La Fayette est composée de personnes passionnées par le monde de la mer. Rapidement, ils décident de partager avec le public le processus de cette reconstruction. Le prix des entrées pour accéder au chantier a permis de financer en partie ces travaux. 30 ans plus tard, on peut le dire, le projet est un succès !

L’Hermione, sa maladie 

“C’est un charpentier qui a découvert la maladie de la frégate. Il a suffi d’un petit éclat dans le bois pour attirer son attention. Puis quand il a enfoncé sa lame de couteau et qu’il a constaté qu’elle s’enfonçait entièrement dans le bois, il a donné directement l’alerte. Heureusement, l’association de l’Hermione avait missionné quelques experts pour un premier diagnostic structurel. On était à 5 ou 6 jours de la remettre en eau. Mais comme elle se fait vieille, on a préféré rester prudent, et heureusement ! L’association, elle, était surprise, mais pas tant que cela. Le bateau a été mis à l’eau en 2014, mais la quille, quant à elle, a 25 ans. Et c’est un peu le temps prévu avant les plus grosses interventions, les plus gros changements”.

L’Hermione, ses réparations

“La stupeur passée, il a fallu comprendre. L’association a rapidement missionné des experts parasitaires. Les deux espèces, le polypore et le lenzite, s’étaient propagées principalement sur la voûte arrière. Elles ont malheureusement atteint une dizaine de pièces de bois. Malgré ce coup de massue, il existe quand même une bonne nouvelle. Il est possible de réparer et de ne remplacer qu’une partie des membrures touchées. Mais ça reste un chantier plutôt délicat. Il est plus difficile de réparer que de faire une construction neuve.”

L’Hermione, un an plus tard

“Mais on garde espoir. Initialement prévue à l’automne 2021, la remise à l’eau de la frégate devra attendre une année supplémentaire, au début de l’année 2023. En attendant, on en prend soin et on la bichonne.”